Bug #1, la critique

Bug, enki Bilal, CastermanEnki Bilal, l’auteur de Partie de Chasse et de La trilogie de Nikopol, est de retour avec un nouveau récit d’anticipation publié chez Casterman, Bug.

Dans un avenir proche, en une fraction de seconde, le monde numérique disparaît, comme aspiré par une force indicible. Un homme, seul, malgré lui, se retrouve dans une tourmente planétaire.

Après avoir traité de sujets politiques et géopolitiques dans Partie de chasse, de destins dictatoriaux et de rêves d’immortalité avec La trilogie Nikopol ou de cauchemars obscurantistes prémonitoires dans Le cycle du Monstre, Enki Bilal aborde ici notre dépendance digitale. L’auteur nous emmène en 2041 dans un monde digitalisé et numérisé à outrance alors qu’un bug informatique planétaire plonge le monde dans le néant et l’inconnu, faute de pouvoir communiquer et accéder à l’information. Bilal développe une vision du futur assez pessimiste où, faute de faire fonctionner leurs mémoires, les terriens voient disparaitre l’information, les prisons se libérer, les communications impossibles, les archives disparues et les protections militaires totalement désactivées. La mémoire collective repose sur les épaules d’un seul homme, Kameron Obb, qui découvre posséder mystérieusement en lui toute la connaissance…
Comme souvent dans ses récits, Enki Bilal dresse une histoire à charge et critique notre manque d’autonomie face au numérique et notre dépendance de plus en plus grandes aux objets connectés. L’auteur va jusqu’à créer de fausses unes de journaux (papiers), seule source d’information toujours accessible aux hommes – dont l’écriture SMS montre cette incapacité qu’on les hommes de communiquer correctement (sans fautes), ce qui résonne cruellement avec l’actualité. Bug n’est heureusement pas qu’une critique acerbe de notre société. Enki Bilal dévoile une part de thriller avec la mise en place d’une enquête sur la disparition de la fille de Kameron Obb.

Bug, enki Bilal, Casterman
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Le style graphique d’Enki Bilal est incomparable et reconnaissable entre tous. Son trait unique nous plonge dans un univers futuriste réaliste dans lequel les personnages sont attachants mais totalement déconnectés du réel. Il propose un découpage rythmé qui alterne les doubles pages magnifiques avec des cases portrait peut-être un peu trop présentes. Les unes de journaux sont quant à elles très originales.

Bug, premier tome de la nouvelle série d’Enki Bilal, est un récit d’anticipation original, heureusement moins obscur que ses derniers ouvrages. On pourra regretter la critique systématique qu’Enki Bilal dresse de notre société, même si l’auteur s’attache avec Bug à proposer une histoire plus complexe avec un aspect polar/thriller intéressant.

 

 

Bug #1
88 pages
Enki Bilal
Casterman
Parution : 22 novembre 2017

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