Dceased, la critique

C’est le crépuscule des héros dans DCeased de Tom Taylor et Trevor Hairsine, alors qu’un dieu s’éteint et qu’un mal infernal se propage sur Terre. La frontière entre héros et bourreaux n’aura jamais été si mince.

Darkseid a de nombreuses fois tenté de conquérir la Terre et de réduire à néant les super-héros qui la défendent. Mais aujourd’hui, il y est parvenu. Lors d’un combat contre la Ligue de Justice, le seigneur d’Apokolyps a déchaîné toute la puissance de l’équation d’anti-vie, faisant ainsi du monde un enfer habité d’individus contaminés et hystériques qui se dévorent les uns les autres. Et face au chaos planétaire de l’anti-vie, les héros sont aussi vulnérables que désemparés.

Difficile de ne pas penser à une énième version Zombies d’une license lorsqu’on aborde DCeased, sachant que toutes celles existantes sont plus ou moins heureuses.

Dans Dceased, le sujet est traité avec beaucoup de sérieux et de manière plutôt convaincante. On y meurt beaucoup. Le scénario de Tom Taylor joue avec le lecteur et jongle sur le fil du rasoir entre soulagement et plaisir coupable, impitoyable avec les plus puissants éléments de la Ligue de Justice, malmenés dans une sorte d’hommage irrévérencieux. Nous pouvons trouver un côté punk malsain et jouissif dans ce récit d’horreur, notamment dans le choix de certaines apparitions parmi la belle brochette de personnages charismatiques. C’est en effet avec un immense plaisir que nous retrouvons Mister Miracle (dont nous conseillons le superbe one-shot chez Urban) Harley Quinn et John Constantine, qui contrastent et allègent le ton général avec leur humour irrévérencieux. Les rebondissements sont bien trouvés, foisonnent et s’enchaînent sans aucun répit, l’équation d’anti-vie faisant son office aussi sûrement que le temps égrène les secondes.

Le trait de Trevor Hairsine et des autres dessinateurs (James Harren, Neil Edwards,…) est préci, sombre et sans faille, la mise en scène en plan rapproché, cadrée sur les personnages inconscients de leur mise à mort programmée. On a parfois le même sentiment que lors du visionnage d’un film d’horreur camera au poing, la nausée en moins. Punk, les superbes et ignobles couvertures de Ben Oliver le sont également, et DCeased nous régale encore en fin d’album avec un superbe artbook. Nous nageons en pleine virtuosité macabre.

Dans Dceased on ne se moque pas du lecteur, le récit est dense et la fin réussie. C’est violent et gore, mais si cela ne vous rebute pas, vous n’avez qu’à vous laisser porter car la réalisation est parfaite. Tom Taylor et Trevor Hairsine ont réalisé la prouesse d’allier sérieux, gravité et humour. Chez une Case en plus, nous ne nous y attendions pas et nous en redemandons. 

Dceased
240 pages
Tom Taylor – Trevor Hairsine
Urban Comics
Parution : 28 février 2020

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