Don Vega, la critique

Avec Don Vega, Pierre Alary propose une relecture personnelle d’un classique de la culture populaire, né en 1919 dans un roman de Johnston McCulley avant d’être immortalisé par le cinéma et la série télévisée de Walt Disney.

Madrid, 1848. Don Vega, héritier d’une riche famille californienne, reçoit une lettre lui annonçant le décès de ses parents. L’auteur du courrier, le père Delgado, l’incite à rentrer « dans les plus brefs délais ». A son retour, Don Vega découvre que le domaine familial est désormais géré par un ancien général, Gomez. Celui-ci s’appuie sur Borrow, une brute sadique et sans scrupules, pour mettre la Californie en coupe réglée en rachetant des terrains à bas prix afin de les revendre plus cher. Des peons ont le courage de se révolter. Le visage couvert d’une cagoule, ils se réclament d'” el Zorro “, un mythe populaire local. Le peuple les voit comme des héros. Don Vega décide de suivre leur exemple : il revêt un costume noir et est bien décidé à faire payer les spoliations commises envers sa famille. La légende de Zorro est en marche…

Pierre Alary se penche sur les origines de Zorro, le légendaire justicier qui écrit son nom à la pointe de son épée. C’est dans un contexte historique précis que le scénariste dévoile la naissance du héros masqué qui prend son origine d’un mythe local, celui d’El Zorro, dont des peons revêtent la cagoule pour tenter de lutter contre l’oppression du général Gomez et de l’exploitation outrancière qu’il fait de leur terre. On pourrait bien évidement s’arrêter sur l’élan nostalgique, forcément présent, qui entoure ce personnage de Zorro et cet album, mais cela serait atténuer tout le travail de Pierre Alary qui signe ici un récit ambitieux, à la fois riche et très bien ficelé. On se laisse très aisément embarquer dans cette aventure intense et sans temps morts dans laquelle Pierre Alary n’hésite pas à montrer la cruauté, lorsque nécessaire, de ses personnages. Bien que cet album ait été prévu comme un one-shot, la conclusion (volontairement ?) ouverte donne à rêver d’une suite…

Il est difficile de cacher notre admiration pour le travail graphique de Pierre Alary depuis la parution du premier tome de Silas Corey. On retrouve, dans Don Vega, son talent pour apporter du rythme à son récit grâce à des cadrages spectaculaires, dont certains sont très cinématographiques. Les personnages sont expressifs et donnent véritablement l’impression d’être toujours en mouvement.

Un cavalier, qui surgit hors de la nuit, Court vers l’aventure au galop. Son nom, il le signe à la pointe de l’épée, d’un Z qui veut dire Zorro ! Sous les crayons de Pierre Alary, le personnage de Zorro renaît de ses cendres. Il fallait oser s’attaquer aux origines du mythe et Pierre Alary le fait avec beaucoup de talent et de réussite. Chapeau !

Don Vega
96 pages
Pierre Alary
Dargaud
Parution : 2 octobre 2020

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