une Case en plus vous propose de rentrer Dans la case d’un auteur de bande dessinée, qu’il soit scénariste, dessinateur ou encore coloriste. Dans la case, c’est simple : l’auteur choisit une case au sein de son dernier album, explique son choix et la décrypte pour vous.
Aujourd’hui, François Ravard vous propose d’entrer dans la case… 1 de la page 11 de Mort aux vaches qu’il réalise avec Aurélien Ducoudray chez Futuropolis.
” Nous sommes au tout début du récit. Les 4 malfrats, Ferrand, José, Cassidy et Romu, viennent d’échapper aux gendarmes, après avoir braqué une petite agence bancaire de province. Pour se faire un peu oublier, ils décident de se mettre au vert quelques temps. Le vieil oncle de Ferrand tient une exploitation agricole avec son fils Jacky, perdue au milieu des champs de blé. L’endroit idéal pour éviter de faire des vagues. La scène que j’ai choisie correspond à leur arrivée dans la ferme.
Cette case a une importance capitale dans l’album, car c’est la première fois qu’on découvre la ferme, lieu où se déroule une bonne partie de l’album. C’est comme si un rideau se levait, pour laisser entrevoir le décor de la pièce de théâtre qui s’apprête à démarrer.
J’avais choisi de découper ce récit de la manière la plus simple et efficace possible, en optant pour le bon vieux gaufrier, que nous avions déjà utilisé sur « La faute aux Chinois » avec Aurélien Ducoudray. Seulement, il fallait marquer le coup sur cette scène et prendre la place nécessaire à poser l’ambiance. Le fait de prendre deux strips, et de dessiner une grande case, presque une pleine page, s’est imposé dès le départ.
Pour passer à la réalisation, il a fallu poser sur papier les différents éléments qui allaient nous servir dans l’histoire, comme les granges, la maison en pierres, ou encore le petit labo bien planqué, pour ne rien oublier… Aurélien n’avait pas encore terminé le scénario mais il savait parfaitement où il allait.
J’ai ensuite composé avec beaucoup de souvenirs d’enfance (mon tonton aussi avait une ferme), et quelques photos prises ici ou là, en plus de recherches sur internet. Il fallait avant toute chose bien maîtriser l’espace et les différents éléments qui composent la ferme, étant donné que j’allais faire vivre mes personnages entre ses murs. Pour cela la vue en plongée, presque cinématographique, était la bienvenue, cela permettait d’avoir une vue d’ensemble, et de ressortir la case, comme un plan, lorsque je rencontrerai un souci de mise en scène…
Et pourtant ce n’est pas pour ça que j’ai choisi ce cadrage. Je voulais avant tout faire ressortir la taille de la ferme et son côté menaçant, en opposition à celle de la voiture de nos 4 bandits. La plongée et le fait que ce soit de nuit permet d’accentuer cela, d’autant que dans l’image, la voiture est comme coincée en haut à droite. C’est comme si elle s’engouffrait dans la gueule du loup sans le savoir…
Mon crayonné est repris à la table lumineuse, avec un encrage plutôt simple au Tradio, qui est une sorte stylo plume rechargeable, et surtout très maniable. Ce n’est qu’ensuite que je viens poser mes ombres au fusain, avec l’aide d’une estompe pour gagner en précision. Ici l’ambiance de nuit a demandé beaucoup de temps, de patience, mais lorsqu’on termine par laisser la réserve de papier, pour les phares de la voiture, l’outil prend tout leur sens et on oublie toutes les heures difficiles passer en sa compagnie ! “
Un grand merci à Francois Ravard de sa participation.
Et retrouvez notre chronique de Mort aux vaches paru chez Futuropolis.