Nouvelle rubrique. une Case en plus vous propose de rentrer Dans la case d’un auteur de bande dessinée, qu’il soit scénariste, dessinateur ou encore coloriste. Dans la case, c’est simple : l’auteur choisit une case au sein de son dernier album, explique son choix et la décrypte pour vous.
Aujourd’hui, entrons dans la case de Grégory Panaccione, dessinateur d’Un océan d’amour…
« Le petit pêcheur breton va comme tous les matins en mer, et après une pêche très décevante, le marin et son mousse décide de faire une pause et de boire un café. Soudain, le mousse commence à s’agiter et panique en regardant devant lui. Le marin se retourne pour voir ce que le mousse à vu : un énorme bateau de pêche industriel se dirige droit sur leur petite embarcation.
Cette case en double page est une des clés importantes de l’album. C’est d’ailleurs une des premières images que j’ai visualisée dans mon esprit, lorsque que Wilfrid Lupano m’a raconté son histoire, dans le métro, la première fois que nous nous sommes rencontrés.
Je voulais vraiment rendre le bateau de pêche industrielle le plus menaçant possible et rendre le petit chalutier le plus petit et inoffensif qu’il soit.
En faisant mes petits croquis sur le script de Wilfrid, une première version de cette case m’est venue. Le bateau de pêche industrielle était dans cette version très verticale avec une silhouette très agressive et menaçante. Je l’ai également assombrit volontairement pour qu’il ressemble plus à un fantasme qu’à une réalité.
C’est lors de l’étape du premier découpage ou story-board que j’ai décidé d’en faire une double page, pour que le lecteur ressente la même sensation que le pêcheur qui se retourne pour découvrir l’immense bateau. Le lecteur lui, tourne la page et découvre la première double page de l’album. Le design du bateau est passé d’une forme verticale à une forme plus horizontale pour renforcer la pleine double page et l’espace investit dans la composition de la case.
Au départ, le navire de pêche industrielle était dessiné en entier dans la composition. On voyait du ciel au-dessus de l’image. En me relisant et en faisant lire ce découpage, je me suis dit que l’on pouvait encore accentuer l’immensité du bateau en le coupant dans la composition, ce qui a donné la composition finale de cette case.
Comme pour tout l’album, j’ai fignolé cette image en noir, blanc et gris en essayant au maximum de jouer sur la brume qui cache le bateau et accentue le différents plans de la perspective. Les oiseaux au-devant du bateau ont eux aussi une grande importance pour donner une échelle au navire.
La scène est comme vue au téléobjectif pour écraser la perspective, et bien mettre en évidence les différences de dimension des 2 bateaux. A cette étape, j’ai aussi essayé de préserver le coté agressif de la silhouette du bateau en faisant ressortir des éléments pointus et découpés, comme c’était le cas dans le premier croquis.
Ensuite, pour finir vient l’étape de la couleur, qui est volontairement très légère sur toute l’image, sauf sur le petit chalutier pour que le lecteur le repère tout de suite face à ce monstre sans âme et donc sans couleur. »
Un grand merci à Grégory Panaccione pour sa participation et retrouvez la chronique d’Un océan d’amour de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione.