Hoka Hey!, la chronique

En auteur complet, Neyef signe, sous le Label 619 récemment arrivé dans le giron des édtions Rue de Sèvres, Hoka Hey !, un western monumental de 226 pages.

Dès 1850, les jeunes amérindiens étaient internés de force dans des pensionnats catholiques pour les assimiler à la nation américaine. En 1900, la population des natifs en Amérique du Nord avait diminué de 93%. La plupart étaient morts de nouvelles maladies importées par les colons, d’exterminations subventionnées par l’état, et lors des déportations. Georges est un jeune Lakota élevé par le pasteur qui administre sa réserve. Acculturé, le jeune garçon oublie peu à peu ses racines et rêve d’un futur inspiré du modèle américain, en pleine expansion. Il va croiser la route de Little Knife, amérindien froid et violent à la recherche du meurtrier de sa mère. Accompagné de ses deux comparses, celui-ci arrache Georges à sa vie et l’embarque dans son périple. Au fil de leur voyage, l’homme et le garçon vont s’ouvrir l’un à l’autre et trouver ce qui leur est essentiel : l’apaisement de la colère par la transmission de sa culture pour l’un et la découverte de son identité et de ses origines pour l’autre.

Hoka Hey! est un récit magnifique servi par une illustration remarquable. C’est d’ailleurs le dessin de Neyef qui subjugue le lecteur de prime abord. Le dessinateur signe de belles et imposantes planches qui immergent le lecteur dans les grandes plaines de l’ouest américain. Détaillées et remplies d’émotions, ses planches absolument sublimes et magiques, laissant une large place à la nature et aux décors, sont portées par une mise en couleur incroyable. Chaque case est d’une rare densité.



Après la claque graphique, c’est le récit à la fois puissant, brutal et chargé d’émotions qui marque les esprits. Le destin de Georges, un jeune Lakota élevé par un pasteur loin de la culture et de la tradition de son people, va être complètement être bousculé lorsqu’il croise la route de Little Knife, un amérindien en quête de vengeance, et ses deux comparses, No Moon et Sully l’irlandais. Neyef propose un récit profond dans lequel il parvient à aborder avec beaucoup de justesse, et sans clichés, la quête d’identité d’un jeune peau-rouge qui doit choisir entre son rêve d’une vie à l’américaine ou retrouver ses racines par l’apprentissage d’une culture et des valeurs qu’il n’a jamais connues. Le force du récit réside également dans les autres personnages qui bénéficient tous d’un traitement en profondeur et offrent au lecteur la possibilité de mieux s’immerger dans le récit.

Véritable coup de cœur, tout est absolument parfait dans Hoka Hey! Neyef signe un récit initiatique à la fois brutal et touchant. Au travers d’un western cinématographique aux images magnifiques et chaudes, l’auteur s’attache à aborder le sujet profond de l’acculturation, un sujet qui résonne forcément avec note époque. On recommande vivement !


Hoka Hey!
226 pages
Neyef
Label 619 – Rue de Sèvres
Parution : 26 octobre 2022

1 réaction sur “ Hoka Hey!, la chronique ”

  1. Ping Frontier, la chronique | une Case en plus

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