Ion Mud, la critique

Ion Mud, la première bande dessinée d’Amaury Bündgen, publiée chez Casterman, nous promet l’aboutissement d’une quête de sens de 40 ans dans l’espace.

Lupo, un humain solitaire, erre à la surface d’un vaisseau gigantesque, tentant de survivre et de rencontrer les aliens qui l’ont enlevé près de 50 ans auparavant.
Il fait face à une contamination par un organisme hostile transformant toutes formes de vie en créatures mutantes et causant d’importants dysfonctionnements au vaisseau. Est-ce cela qui force les extra-terrestres à se retrancher dans les entrailles du vaisseau, derrières de monumentales portes, infranchissables à tout autre ? Livré à lui-même dans un univers qui le dépasse, l’homme devra rivaliser d’intelligence et de persévérance pour percer les mystères de son existence même !

Amaury Bündgen ne cherche pas à expliquer de but en blanc ce qu’il se passe dans Ion Mud. Lupo déambule, escalade, se repose, active des éléments de technologies inconnues, à la recherche de quelque chose…mais quoi ? Pour pleinement profiter, il faut accepter de lâcher prise et se laisser porter par les evenements et le cadre. Le héros, n’est pas seul : divers compagnons chemineront avec lui, dont une version extra-terrestre du chien errant, et il fera face à l’écosystème plus ou moins  hospitalier qui peuple le vaisseau. Ce dernier ajoute parfois une dimension survivaliste lorsque des monstres abominables apparaissent, les “sombres”. On se sent dans Ion Mud comme hors du temps, au départ principalement, lorsque le récit est contemplatif et que Lupo avance dans sa quête et dans le vaisseau sans réel freins. Les dialogues, les interactions et l’action sont plus présents à mesure que le dénouement approche, le rythme accélèrant de manière progressive et bien dosée jusqu’à un final bien trouvé.

Amaury Bündgen, Influencé par Tsutomu Nihei ? C’est tout à fait possible : un personnage perdu dans des structures gigantesques, déités silencieuses à part entière, oubliées et écrasantes. Au début tout du moins. L’univers de Ion Mud est graphiquement proche de celui de son aîné, dans l’exploitation du contraste noir et blanc, dans les adversaires du héros également. Il sait cependant s’en détacher, dans le bestiaire, les personnages rencontrés, et le trait se fait assez aéré pour que l’ambiance ne soit pas trop pesante; la lecture n’en est que plus plaisante. Nous trouvons les humains moins réussis que les autres créatures et les décors, plus grossiers, cependant ce n’est absolument pas gênant, il ne sont pas en effet les éléments centraux du récit.

Héritage de Nihei et Schuiteen ou pas, quel plaisir de plonger dans ces incroyables décors et de suivre Lupo dans sa balade. La mise en scène fait honneur à une histoire qui tient totalement la route et nous conseillons la lecture de ce qui est, il faut le rappeler, la première œuvre Amaury Bündgen.

Ion Mud
Amaury Bündgen
296 pages
Casterman
Parution : 20 janvier 2021

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