Le voyage de Marcel Grob relate le destin tragique de Marcel Grob, jeune Alsacien de 18 ans, enrôlé de force en juin 1944, dans la Waffen SS.
11 octobre 2009. Marcel Grob, un vieil homme de 83 ans, se retrouve devant un juge qui l’interroge sur sa vie. Et plus particulièrement sur le 28 juin 1944, jour où ce jeune Alsacien rejoint la Waffen SS et est intégré dans la 16e division Reichsführer, trois mois après le débarquement allié en Normandie. Marcel se rappelle avec émotion de ce jour fatidique où, comme 10 000 de ses camarades Alsaciens, il fût embrigadé de force dans la SS. Non, il n’était pas volontaire pour se battre mais il n’avait pas le choix, il était pris au piège. Mais pour le juge qui instruit son affaire, il va falloir convaincre le tribunal qu’il n’a pas été un criminel nazi. Alors, Marcel Grob va devoir se replonger dans ses douloureux souvenirs, ceux d’un « malgré nous », kidnappé en 1944, forcé d’aller combattre en Italie, au sein d’une des plus sinistres division SS. Un voyage qui l’amènera à Marzabotto, au bout de l’enfer…
Le voyage de Marcel Grob est inspiré d’une l’histoire vraie, celle du grand-oncle de Philippe Collin, qui a été embrigadé de force dans les Wagner SS. Il raconte comment, et dans quelles conditions, de jeunes Alsaciens, autrement appelés les « malgré nous », furent incorporés chez les SS et durent combattre au côté de l’Allemagne Nazie. Sur le plan historique, le récit n’apporte pas de précision particulière sur cette guerre. Il faut plutôt voir ce récit comme un devoir de mémoire dans lequel l’auteur cherche à mettre en avant ces jeunes alsaciens qui ont été embarqués malgré eux dans cette guère et sont pour la plupart morts aux combats, dont son grand-oncle auquel il veut rendre hommage. « Marcel Grob était mon grand-oncle, qui était pour moi comme un grand-père. En 1995, j’ai découvert qu’il avait été chez les SS. Normalement, il fallait être volontaire pour rejoindre ces unités… Je lui ai posé beaucoup de questions. Sans avoir de réponses… J’ai fini par rompre avec lui. En 2013, après sa mort, j’ai découvert qu’il avait été enrôlé de force, sous la menace que l’on exécute sa famille, comme environ 10 000 autres gamins français. Il y a donc une dimension de réparation dans cet album. Par rapport à lui mais aussi à tous les autres Malgré-nous. »
Le voyage de Marcel Grob est un récit fort et poignant qui montre l’horreur qu’ont dû supporter ces hommes alors qu’ils n’y étaient pas préparés.
Le dessin très réaliste de Sébastien Goethals est certes classique mais il convient particulièrement bien à ce récit. Le récit est servi par un découpage lui aussi classique mais efficace qui permet au lecteur de se plonger pleinement dans l’histoire. Seule petite ombre au tableau, certains visages se ressemblent beaucoup trop et nuisent à la lisibilité.
Philippe Collin et Sébastien Goethals proposent un récit poignant dans lequel les auteurs s’attachent à montrer la position difficile dans laquelle s’est retrouvée Marcel Grob, incorporé de force au sein des SS. Un récit fort qui amène forcément la question suivante : qu’est-ce qu’on aurait fait à sa place ?….
Le voyage de Marcel Grob
192 pages
Philippe Collin – Sébastien Goethals
Futuropolis
Parution : 11 octobre 2018
Critique très juste et complète. J’ai partagé ces sentiments à la lecture de l’album.
Poignant, interrogatif aussi … Je me suis questionnée, j’ai eu parfois le souffle coupé. La tension est palpable à la fois par le trait mais aussi par l’insertion de dialogues courts et percutants.
Un ouvrage à recommander au plus grand nombre !