Le Djihad féminin est au cœur des fiancées du califat, la nouvelle collaboration entre Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, Matz, et Giuseppe Liotti, aux éditions Rue de Sevres.
“Nous avons besoin de toutes les forces que nous pouvons trouver, Cheikh. Et puis, les mécréants ne se méfient pas des femmes. N’est-ce pas toi qui m’as dit qu’il fallait utiliser les points faibles de nos ennemis ?”
Oum Ghalib, jeune femme toulousaine et leader d’une cellule terroriste féminine, prépare un gros coup pour prouver à son mari Moudjahidin que les femmes sont autant capables que les hommes en matière de guerre sainte. Elles cherchent à se faire une place dans le djihad et préparent un attentat. Marc Trévidic et Matz parviennent à montrer que l’humanité de ces femmes perdure dans une forme aliénée, ce qui est assez perturbant. L’une part plus tôt d’une réunion pour s’occuper de sa fratrie, l’autre pense à son fils et son mari mais n’a pas d’états d’âme à sacrifier une jeune de 16 ans ou des innocents, pour la cause. Marc Trévedic et Matz mettent en scène la manipulation des émotions des candidats au djihad par les terroristes, pour détruire, et la manipulation, par le juge, sur ces mêmes personnes pour obtenir des aveux, prouver et punir. Le récit de Marc Trévidic et Matz est monté comme un épisode de série policière. Il alterne entre les planifications d’attentats, l’enquête de terrain des 2 policiers, la DGSI, l’action du juge Duquesne et quelques courts passages au Kirghizistan. On découvre également un contexte d’exercice souvent inconfortable, entre le manque de moyen des forces de terrain, la légèreté de certaines décisions et côté groupuscule, les dissensions internes. Le récit est bien rythmé et on ne s’ennuie pas.
Le dessin a beaucoup plus de caractère que ce que la couverture, austère et sérieuse, ne laisse penser. Réaliste sans être trop détaillé, le dessin de Giuseppe Liotti garantit une bonne fluidité de lecture, et il est très expressif, ce qui est fondamental dans une bande dessinée qui veut montrer et faire comprendre, sans trop expliciter. Les couleurs sont claires et laissent la bande dessinée, dont le thème est assez sombre, respirer.
En dehors de toute considération politique du sujet qu’elle traite, Les fiancées du Califat se lit très agréablement. En tant qu’écho d’une actualité pas si lointaine, l’album pousse a réfléchir sans chercher à choquer ou prendre aux tripes.
Les fiancées du califat
Histoire complète
64 pages
Marc Trévidic – Matz – Giuseppe Liotti
Rue de Sèvres
Parution : 6 janvier 2021
Et retrouvez les chroniques d’Es-Shahid et Le piège de verre, les tome 1 et 2 de Compte à Rebours des mêmes auteurs, Marc Trévidic, Matz et Giuseppe Liotti. Toujours chez Rue de Sèvres.