Les Tuniques bleues #65, la critique

Suite au départ annoncé de Raoul Cauvin et au retard de Willy Lambil pour conclure leur dernière histoire commune qui doit paraître en 2021, les éditions Dupuis ont confié les rênes des Tuniques bleues à Beka et José Luis Munuera qui signent L’envoyé spécial, 65ème album de la série.

Londres 1861. William Russell, journaliste au Times, couvre une grève dans une usine, au grand dam de ses supérieurs qui lui reprochent de se ranger du côté des ouvriers. Pour se débarrasser de lui, la rédaction du journal l’envoie de l’autre côté de l’Atlantique où la guerre de Sécession fait rage. En Amérique, dans le camp de l’armée nordiste, le caporal Blutch et le sergent Chesterfield sont chargés d’escorter ce drôle d’observateur anglais, flegmatique et distingué, qui prend des notes sur le champ de bataille en chevauchant une mule.

Côté scénario, l’histoire, co-scénarisée et imaginée par Beka et José Luis Munuera, remplit parfaitement son contrat. Respectant l’esprit de la série et dans la droite ligne des scénarios précédemment imaginés par Raoul Cauvin, les scénaristes s’inspirent d’un fait authentique de la guerre de Sécession pour l’intégrer dans leur récit. Dans L’envoyé spécial, les Tuniques bleues voient débarquer le journaliste du Times Willam Howard Russel, considéré comme le 1er correspondant de guerre. A partir de cet élément, les scénaristes s’en donnent à coeur joie pour faire tourner en bourrique nos deux héros, le sergent Chesterfield et le caporal Blutch, qui ont été une nouvelle fois missionné contre leur gré pour suivre et protéger le journaliste alors qu’il rédige ses notes. Pour ce premier (et unique ?) opus en tant que scénaristes, Beka et José Luis Munuera font perdurer l’esprit de la série (ouf !) avec une aventure classique et efficace. L’ingrédient majeur qui fait le sel de cette formidable série est bien présent à savoir deux héros fidèles à eux-mêmes, le sergent Chesterfield est toujours patriotique et le Caporal Blutch toujours autant tire aux flancs et anti-militariste, aux chamailleries légendaires. Humour et combats sont bien entendu également au rendez-vous. Les scénaristes se sont autorisés une seule incartade, l’alliance des nordistes et des sudistes pour trouver une solution commune afin de se débarrasser de ce journaliste qui rapporte fidèlement les dégâts de cette guerre de Sécession…

Ici, le vrai changement est graphique. José Luis Munuera apporte beaucoup de nervosité et d’expressivité aux personnages et s’est attelé à proposer un découpage et un cadrage très cinématographique avec de nombreuses cases très larges dont une double page plutôt spectaculaire. Ceci étant dit, et malgré tout le talent de José Luis Munuera, il pourra être difficile pour certain de contempler le sergent Chesterfield et le caporal Blutch entre les mains d’un nouveau dessinateur.

Il est bien difficile de passer après les auteurs historiques, Raoul Cauvin et Willy Lambil, qui ont marqué de leurs empreintes cette série culte qui compte plus de 60 albums. Et pourtant, Beka et José Luis Munuera parviennent à s’approprier cet univers et signent une histoire bien ficelée et efficace. Néanmoins, elle partagera les lecteurs en faveur des reprises modernes de leurs séries préférées à ceux qui sont totalement contre et préfèrent la continuité.

Les Tuniques Bleues #65
L’envoyé spécial

56 pages
Beka – José Luis Munuera
Editions Dupuis
Parution : 30 Octobre 2020

1 réaction sur “ Les Tuniques bleues #65, la critique ”

  1. Stéphane Castet Réponse

    Très dérouté par ce nouvel album…dessins trop différents des autres albums (normal que chaque dessinateur ait son style mais de là à changer aussi radicalement, Blutch et Chesterfield ne sont plus Blutch et Chesterfield),couleurs trop sombres,récit trop engagé à mon goût (esclavage,femmes battues…,ce qui rend la BD trop adulte (je lis les Tuniques Bleues depuis que je suis enfant et ce n’est pas ce que j’attends d’une bd),et pour finir l’humour a disparu (où alors il m’a échappé)…le livre m’est tombé des mains au bout de 3 pages, je l’ai lu en trois fois…le numéro 64 sera le dernier Tuniques Bleues que j’achèterai pour terminer ma collection que j’ai complétée au fil des ans…au revoir Blutch et Chesterfield??

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