Jérôme, Olivier et Anne-claire Jouvray ressuscitent et embarquent Lincoln dans une neuvième aventure, Ni dieu, ni maître dans laquelle il rejoint une bande d’anarchiste qui fomente une révolution dans le New-York des années 20.
Lincoln est depuis quelques mois dans son trou, l’herbe a repoussé et c’est Dieu qui vient le sortir de sa tombe. Lincoln était bien au chaud, se foutait de tout, dans une espèce de sommeil prolongé, ne désirant plus remonter à la surface. Dieu ne l’entend pas de cette oreille et veut l’obliger à se bouger le cul.
Mais Lincoln veut rentrer chez lui et demande à Dieu de le téléporter comme le Diable l’avait fait dans un précédent album. Comme Dieu ne veut pas, Lincoln doit se démerder seul. Ayant trouvé un bateau pour faire le voyage de retour, il rencontre des gens très engagés politiquement du côté des anarchistes. Séduit par l’idée anarchiste puisqu’elle affirme haut et fort “Ni Dieu, ni maître” et arrivé à New York, il va rejoindre le mouvement et probablement passer du côté des ultras qui fomentent des attentats. Sauf que très vite, repéré par la police et risquant la prison pour ses camarades, il deviendrait un martyr s’il était emprisonné et son procès serait une belle caisse de résonance pour les idées anarchistes. Mais Lincoln ne veut pas retourner en tôle et s’enfuit. Il doit disparaître aux yeux de la police et des anarchistes… Bref, il est encore dedans, jusqu’au cou…
Après 5 ans d’absence, la famille Jouvray ressuscite Lincoln pour l’entraîner aux États-Unis dans les années 1920, alors que la prohibition, la dépression, le Ku Klux Klan et les anarchistes agitent toute l’Amérique. Après avoir participé, dans les tranchées, à la guerre 14-18 dans Le démon des tranchées, Lincoln retrouve sa terre natale accompagné par son nouvel ami, Medoro, qui l’introduit dans son organisation anarchiste. Séduit par leur devise « Ni dieu, ni maître » chère à son cœur, c’est l’occasion rêvé pour Lincoln de reprendre son activité favorite… foutre le bordel partout où il passe, surtout s’il peut en profiter pour picoler gratos ! Sauf que, bien évidemment, tout ne se passe pas vraiment comme prévu… Retrouver Lincoln est un vrai plaisir, et le scénario imaginé par Olivier Jouvray permet au scénariste de confronter leur héros à de nouvelles situations aussi inextricables que déjantées et loufoques. On pourra, cependant, reprocher au scénariste que cette histoire ne soit pas assez centrée sur Lincoln et que ses bisbilles avec Dieu et le Diable soient moins présentes que dans les albums précédents. Il n’en reste pas moins que cette neuvième aventure est un bon cru qui s’amuse avec panache de la situation des États-Unis dans le années 1920.
Le style graphique de Jérôme Jouvray a quelque peu évolué depuis le premier album de Lincoln et ce n’est pas pour déplaire. Le trait simple et nerveux du dessinateur est très lisible et efficace avec une pointe d’humour. A cela s’ajoute un découpage précis qui embarque le lecteur avec enthousiasme certain !
Lincoln n’a ni dieu ni maître et le prouve une nouvelle fois avec ce nouvel album réjouissant. Souhaitons que nous n’ayons pas à attendre de nouveau 5 ans pour découvrir les nouvelles aventures délirantes de cet énergumène !
Lincoln #9
Ni dieu, ni maître
48 pages
Jérôme Jouvray, Olivier Jouvray
Editions Paquet
Parution : 6 décembre 2017