une Case en plus vous propose de rentrer Dans la case d’un auteur de bande dessinée, qu’il soit scénariste, dessinateur ou encore coloriste. Dans la case, c’est simple, l’auteur choisit une case au sein de son dernier album, explique son choix et la décrypte pour vous.
Aujourd’hui, c’est au tour de Pieter de Poortere de nous faire entrer dans la case. Il a choisi l’unique case des pages 45 et 46 de Super Mickey qu’il a réalisé aux éditions Glénat.
« Voici une de mes pages préférées de mon Super Mickey. Il s’agit de l’assaut de la prison par Pat Hibulaire et ses bandits. Je trouvais l’idée drôle de représenter des prisonniers qui cherchent comment entrer la prison au lieu de s’en évader.
Quelqu’un m’a dit que dans un des albums de Lucky Luke, il y a apparemment la même idée. En revanche, je ne sais pas quelle album.. Mais comme je suis grand fan de Morris, c’est certainement mon subconscient…
Je connaissais bien l’univers de Mickey quand Glénat m’a demandé de créer un Mickey pour leur superbe collection. J’avais des vieux magasines de Mickey datant des années 50 sur mon bureau pendant mes études. La rondeur et l’esprit naïfs sont des choses que j’ai bien étudié quand je commençais Dickie, il y a vingt ans.
C’était un peu stressant tout de même tant la qualité de la collection est très haute. Avant commencer l’album, j’ai fait des récherches pour trouver tous les méchants qui apparaissent dans les histoires de Mickey. Sans doute, j’en ai oublié quelques-uns, mais il y en a déjà pas mal de présents sur cette double page. J’en ai inventé aussi quelques-uns, et je trouve que c’est plutôt une réussite qu’on ne puisse pas immédiatement dire lesquels sont issus de l’univers Disney et lesquels sont mes inventions.
La plus grande difficulté pour moi, c’était de raconter une histoire drôle sans utiliser mes outils habituels, c’est-à-dire de faire le mix entre l’humour pour adultes et style de dessin naïf. Donc, il m’a fallu faire une recherche pour raconter une histoire drôle tout-public. J’ai trouvé cela dans le personnage de Dingo. Mon album s’appelle Super Mickey, mais c’est, en fait, Dingo le personnage le plus important. Et qui est le loser dont j’avais besoin.
J’ai pour habitude de faire de grandes pages « où est » avec Dickie. Cette page n’est pourtant pas encore trop détaillé. Il s’agit de deux pages pages A3, alors que souvent j’ai besoin de 4 pages A3. Je commence par le décor, et après je dessine les personnages. Souvent je les mets sur un autre calque photoshop, ce qui me permets de bouger certains personnages si j’en ai besoin.
Pour mon Super Mickey, j’ai fait l’encrage à l’encre chinoise et pinceau. Je travaille souvent avec une tablet Cintiq, c’est beaucoup plus pratique et rapide. Toutefois, je préfèrai le trait d’un pinceau pour cette histoire, même avec une ligne assez épaisse comme chez moi. Mon trait parait parfois très simple, mais je n’ai pas encore trouvé quelqu’un qui puisse faire une exacte copie. C’est vraiment quelque chose de personnel. Si cela interesse quelqu’un , des originaux sont en vente à la galérie Zic&Bul à Paris. (zicbul.fr)
Pour les couleurs, j’ai cherché des teintes plus « à l’ancienne ». Elles sont diférentes de celles que j’utilise pour Dickie, moins forte, même si j’ai tout de même utilisé plein de rouge et bleu ici. Je voulais un esprit un peu nostalgique. Et, à mon avis, ça marche bien. D’ailleurs, j’ai même réalisé récemment pas mal de pages de Dickie dans les mêmes couleurs que cet album Mickey parce que j’aime bien cette atmosphère.
J’utilise plusieurs couleurs pour la structure de la page. Vous verrez que tout ce qui est terre est en rouge, et que les murs sont bleus. Les personnages, quant à eux, sont plutôt jaune. De cette manière, le dessin reste très lisible, même s’il y a, tout de même, plein de choses à regarder. Les couleurs permettent aussi de diriger l’œil du lecteur ».
Nous remercions chaleureusement Pieter de Poortere qui a accepté de participer à la rubrique Dans la case. Et retrouvez la chronique de l’excellent Super Mickey publié chez Glénat.