Red Creek Shuffle, la chronique

Eric Corbeyran et Chico Pacheco signent Red Creek Shuffle aux éditions de L’aqueduc bleu, un polar étonnant à mi-chemin entre X-Files et American Grafitti.

Californie. Une série de meurtre effroyable est perpétrée autour de la petite bourgade de Red Creek. Depuis quelques semaines, en effet, de nombreux cadavres sont retrouvés, affreusement mutilés. Problème avec cette phrase : selon la police, il est claire que des animaux sauvages sont responsables de ces atrocités. Arrivé sur place pour enquêter, le détective Giuseppe Peccato – qui préfère qu’on l’appelle Johnny – a le sentiment que le shérif Thompson se soucie des ces crimes comme de ses premières chaussettes car les victimes appartiennent à des minorités ethniques. D’ailleurs, à part leur famille, le triste sort de ces malheureux mexicains, noirs et indiens n’émeut pas vraiment l’opinion publique. C’est vrai quoi on ne va pas dépenser l’argent du contribuable pour une poignée de morts mal blanchis ! Associé à la journaliste Jane Sinner, Johnny Peccato reprend l’affaire en main. De fausses pistes en découvertes hallucinantes, le duo met tout en œuvre pour résoudre le mystère qui entoure Red Creek.

Avec ce récit choral, Éric Corbeyran signe un polar original et déjanté dans lequel il n’hésite pas à aligner tous les stéréotypes du genre. Brillamment ! Des personnages caricaturaux avec, entre autres, un shérif véreux, une journaliste à la recherche du scoop, un détective sans scrupule, un jeune livreur naïf et une jolie serveuse blonde plus intéressée qu’amoureuse. Et des situations étonnantes et explosives qui tiennent le lecteur en haleine. Mais on n’en dira pas plus pour ne rien spoiler. C’est en tout cas cette galerie de personnages, haute en couleur, et n’oublions pas les Dalton à la sauce Chico Pacheco, et les rebondissements, sans doute parfois un peu trop téléphonés, qui font tout le sel de ce récit déjanté et volontairement parodique. Ne manquant pas d’humour, le récit fonctionne très bien, est très bien construit et se lit d’une traite.

Graphiquement, on aime beaucoup. Le dessin semi-réaliste de Chico Pacheco, tout comme sa mise en scène et son cadrage, sont très dynamiques. Les personnages principaux sont bien campés et sont parfaitement alignés avec leurs caractères et leurs expressions. Enfin, la palette de couleurs monochrome rehaussée de la couleur rouge, dans certaines scènes, est un choix très habile qui apporte beaucoup au récit et permet de marquer le récit dans les années 50.

Le dernier album d’Eric Corbeyran et Chico Pacheco, Red Creek Shuffle, est sans nul doute un ovni dans la production actuelle de bandes dessinées. Un bon ovni. On prend un véritable plaisir à lire ce récit déjanté, mené tambours battants et plein d’humour. 

Red Creek Shuffle 
140 pages
Eric Corbeyran – Chris Pacheco
L’aqueduc bleu
Parution : 6 avril 2023

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.